Le peuple nord-africain, en lutte pour son émancipation, est apte à prendre seul ses destinées en main ; l’émancipation colonialiste étant la première étape à franchir dans la marche en avant vers l’affranchissement intégral.
Nous ne devons pas renvoyer, dos à dos, l’impérialisme et les revendications des peuples colonisés, mais au contraire, nous devons, selon l’exemple de Bakounine, nous solidariser avec les peuples soumis, contre les impérialismes … même si le désir d’émancipation de ces peuples revêt, pour quelques-uns, un caractère national, qui doit être seulement transitoire.
Le secrétariat de l’ A.I.T. a pris, depuis février 1954, la résolution d’engager une campagne efficace pour la libération des peuples colonisés… passons donc à l’action ! et pour commencer, affirmons notre solidarité avec les peuples opprimés, engagés dans la phase critique d’action directe contre le capitalisme impérialiste ; et aidons leur lutte pour la liberté par tous les moyens.
En Algérie, la CNT française a une section.
Aidons-nous tous solidairement, car devant les événements d’Algérie nous ne pouvons et nous ne devons pas rester sourds et muets, ce serait faillir à notre idéal révolutionnaire de fraternité et de solidarité !… Agissons en faveur de tous les asservis et donnons notre aide à toutes les victimes de la repression.
Des ordres sévères passent à exécution contre toute forme d’agitation anticolonialiste ; s’il nous faut aller un jour en prison, ce sera avec la conscience lumineuse d’avoir accompli simplement notre devoir de révolutionnaires ! Parce que lutter contre le colonialisme, c’est lutter contre la loi du plus fort, contre l’oppression, l’esclavagisme, contre les répressions sanglantes exercées sur des populations conquises ! Lutter contre le · colonialisme, c’est lutter contre le militarisme qui a permis. de faire ces conquêtes ! et c’est lutter contre toutes les polices : appareils de répression au service des capitalismes exploiteurs et conquérants !
Travailleurs Révolutionnaires !… nos camarades d’Algérie nous appellent à réaliser d’urgence un Front antirépression de solidarité avec les peuples en lutte contre l’ennemi commun : la bourgeoisie et son Etat colonialiste et impérialiste ; répondons tous à l’appel !
Pour le groupe d’action syndicaliste Révolutionnaire (C.N.T.).
Pour le groupe S.I.A:. (Solidarité Internationale Anti-fasciste) :
Lola ROUSSEL,
Membre de la Commission Administrative Confédérale C.N.T., membre de la C.A. de S.I.A.
Lucienne dite Lola Roussel
Née le 15 juin 1906 à Envermeu (Seine-Inférieure), morte à Dieppe (Seine-Maritime) le 3 décembre 1994 ; aide-soignante ; anarchosyndicaliste communiste libertaire.
Fille d’un vétérinaire et d’une mère sans profession, Lucienne Roussel avait pour compagnon un anarchiste espagnol, qu’elle suivit en Espagne en 1936 pour prendre part à la révolution et à la guerre. Comme beaucoup de femmes, elle aida dans l’intendance et dans le soin aux blessés. De cet épisode espagnol, elle garda le surnom de Lola.
En 1950, Lola Roussel habitait une chambre « au mois » dans un petit hôtel de la rue Victor-Griffuelhes à Levallois et travaillait comme aide soignante auxiliaire dans une clinique privée de Neuilly. Elle était membre du groupe Durruti (Paris 17e) de la Fédération anarchiste et militait au syndicat des employés de la CNT-F. Son compagnon était alors un militant bulgare.
À partir de 1952, elle vécut avec Michel Hulot et milita au groupe de Levallois-Perret de la FA.
Lors du congrès de la 2e union régionale de la CNT-F tenu le 12 octobre 1952, elle fut élue secrétaire de l’union régionale, G. Yvernel* étant trésorier.
Elle participa au congrès de 1953 de l’Association internationale des travailleurs, tenu à Puteaux. On peut la voir, sur une photo, tenir une banderole rouge et noir avec des militantes anglaise, suédoises et l’Espagnole Federica Montseny.
Après la Toussaint 1954, militante FCL, elle fut une des responsables du Mouvement de lutte anticolonialiste, essentiellement animé par les communistes libertaires. À l’époque, elle était toujours membre de la commission administrative de la CNT-F ainsi que du bureau de la Solidarité internationale antifasciste (SIA). Toujours en 1954, elle appela à créer une section féminine de la CNT-F et signa la rubrique « Tribune de la femme » dans Le Combat syndicaliste.
En 1957, considérant la différence d’âge trop importante, elle se sépara de Michel Hulot, avec qui elle resta néanmoins en relations.
A sa retraite, en 1971, elle était employée comme femme de ménage. Elle continua par la suite à militer à Dieppe, où elle s’était installée.