En 2017, de nouvelles ordonnances de Macron visant à aller plus loin que la loi El Khomri (votée en 2016) et à poursuivre la réforme du code du travail sont publiées. Elles n’ont été que timidement contestées par la plupart des syndicats. Les salariés ont suivi les modes d’actions préconisés par les partenaires sociaux, et la lutte contre la loi travail, comme on pouvait s’y attendre, a échoué.
Dans ces ordonnances apparaissent les accords de performance collective et le plan de sauvegarde d’emploi. Ce sont des accords qui peuvent tout changer : les horaires, le salaire, les déplacements géographiques. Le contrat de travail et le code du travail sont donc caducs. Le patron, les gros actionnaires, ont alors toute latitude pour réduire les coûts en faisant pression sur les salariés, c’est la grande flexibilité. Plus de flexibilité pour plus de marge.
Depuis, à la moindre occasion, ont été mis en place ces APC et ces PSE toujours néfastes pour les salariés. Bien que les syndicats fassent mine d’y défendre les travailleurs, beaucoup voient cela comme des trahisons.
Mais bien plus que des traîtres, ces syndicats qui signent des accords dans le dos des salariés concernés, ne font plus leur travail pour lequel ils sont d’ailleurs payés si cher ( article de l’express 128 million d’euros en 2018 : https://www.lexpress.fr/actualite/societe/pour-financer-ledialogue-social-syndicats-et-patronat-ont-recu-126-8-millions-en-2018_2108378.html ). Aller voir les travailleurs, les informer et trouver des moyens de défendre les intérêts des salariés, ne fait plus partie de leurs actions prioritaires.
En effet, ils ne défendent plus que leurs intérêts personnels, ceux des grands patrons et de l’État. C’est pour cela que les Assemblées Générales ont disparu du cadre syndical. Pas d’assemblée, pas de vraie lutte, pas de possibilité de rencontrer d’autres salariés, pas de colère ni d’action collective, pas de possibilité de décider ensemble. La sous-traitance, les déplacements, l’intérim, le télé-travail, le nombre croissant d’entreprises travaillant sur un même site, les choix des syndicats du chacun pour soi empêchent toute construction collective. Quand on a affaire à une intersyndicale qui passe son temps à se tirer dans les pattes, il est dur de se réunir, mais il est plus que jamais nécessaire de se rassembler.
Le Covid-19 est passé par là, dans l’aéronautique comme ailleurs, les APC et PSE se multiplient mais il est difficile de les quantifier car ces accords ne sont pas publiés
Par contre, on n’organise peu d’assemblée générale, alors que les destructions d’emploi augmentent.
On pourrait se demander pourquoi ceux qui avait fait tant de foin au moment de la lutte contre la loi travail, signent des accords de branche aujourd’hui.
Quand une nouvelle loi est sur le point d’être votée à l’assemblée et que de nombreux travailleurs s’y opposent, les syndicats peuvent appeler à des réunions intersyndicales en faisant croire que l’union contre celle-ci est possible. Leur plan est en fait déjà établi, leur message rodé, pas d’AG dans les grosses entreprises privées. Il n’y aura donc pas de discussions sur le sujet, d’échanges sur les tenants et les aboutissants de cette nouvelle loi (retraite, loi travail,…) tout comme sur les modes d’action.
Nous verrons ici et là quelques AG, comme chez les cheminots à la SNCF, mais elle ne seront jamais généralisées. Puis viendra le jour de la mobilisation : très encadrée par ceux-ci pour éviter tout débordement, on connaît à l’avance le début, le parcours et le lieu de dispersion de la manif.
FO à Airbus, amène les salariés en bus, puis à la fin de la manif, au coup de sifflet tout le monde rentre sagement à l’usine. Puis vient la guerre des chiffres : les syndicats en rajoutent, la préfecture en compte en moins, dur de connaître l’ampleur réelle de lamobilisation… Mais pas de problème, ils ont déjà tout prévup: la date de la prochaine manif dans les semaines qui viennent si la mobilisation est importante, sinon on se revoit dans un mois et on écoute leur discours.
Ah qu’ils aiment la télévision, ces grands orateurs ! Ils ont dû prendre des cours de théâtre car dans leur rôle de partenaires sociaux très revendicatifs, ils sont bons !
Dès que des actions différentes sont proposées, comme en 2010 lors des manifestation contre la nouvelle loi des retraites, les assemblées populaires et les occupations de place en fin de manifestation… elles ne plaisent pas du tout à ces syndicats et d’ailleurs très peu d’entre-eux y ont participé (cf l’article rédigé à l’époque par des copains du Gers : http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article408 ).
En 2018, ils ont d’abord commencé à bouder les rond points des Gilets jaunes, allant jusqu’à les calomnier, mais devant l’ampleur du mouvement, ils ont été contraint de changer de stratégie.
Les lois passent, les mobilisations s’essoufflent, les organisations syndicales se plaignent du manque de monde, puis rentrent à l’usine, pour effectuer leur heure de délégation.
À quand la prochaine loi contestée pour qu’ils retournent à leur télé-réalité ?
Avec eux c’est la défaite assurée. Mais une fois le mouvement terminé, la question revientp : les AG elles étaient où ? Des vraies AG bien-sûr…