CRISE CLIMATIQUE : QUELLE CAUSE ? QUELLES SOLUTIONS ?

Manifeste de Priama Akcia, section en Slovaquie de l’Association Internationale des Travailleurs (AIT) à propos de la grève climatique (20/09/2019)

Au cours des derniers mois, le mouvement mondial contre le changement climatique a franchi des étapes importantes et s’est rapproché des travailleurs. L’un des premiers résultats est la grève climatique qui aura lieu le 20 septembre. Dans la lutte contre la catastrophe climatique, le mouvement ouvrier doit faire face à un défi. Bien que le défi ne soit pas nouveau, il nécessite plus d’attention que jusqu’à présent.

Nous pouvons déjà ressentir les effets de la crise climatique aujourd’hui. En Slovaquie, neuf années sur dix parmi les plus chaudes depuis 1872 ont été enregistrées après l’an 2000. On constate déjà l’augmentation des températures, le manque de précipitations, une sécheresse accrue et une disponibilité moindre des ressources en eau.

Si rien ne change, selon le ministère de l’Environnement, la Slovaquie sera confrontée à une augmentation de la température de +2 à +4 ºC, à des périodes de sécheresses prolongées en été et en automne associées à des restrictions d’eau, à une diminuton accrue des pluies et de l’humidité des sols dans le sud de la Slovaquie et – au contraire – une augmentation des précipitations dans le nord. Nous sommes également menacés par une diminution de la fertilité des sols et de la production agricole, une diminution et même une perte de biodiversité, des hivers plus chauds, des inondations hivernales plus fréquentes et des ressources en eau réduites de 30 à 50% d’ici la fin du siècle. Cependant, ce compte-rendu n’est pas complet et nous n’avons même pas mentionné tous les problèmes économiques, sociaux et politiques que le changement climatique nous posera.

Question fondamentale : Quelle en est la cause?

Si nous voulons arrêter et inverser la catastrophe à laquelle nous faisons face, nous devons en connaître les causes.

Nous entendons souvent que « nous », « l’activité humaine » ou les « personnes » sont responsables. Nous comprenons pourquoi ces expressions sont utilisées – pour souligner que le développement actuel n’est pas le résultat de processus naturels. D’autre part, cependant, se contenter de nommer ces seules causes n’est pas suffisant. Cela peut nous amener à la notion erronée selon laquelle si nous modifions « notre » comportement de consommateurs (et le gouvernement prend quelques mesures), alors tout ira parfaitement bien.

Nous ne partageons pas l’opinion selon laquelle l’humanité dans son ensemble et son mode de vie sont responsables de la crise. Selon nous, la crise climatique est provoquée par le capitalisme en tant que système économique basé sur le travail salarié, la propriété privée des moyens de production (terres, usines, machines, bureaux …) et la production à des fins commerciales et lucratives.

La cause principale dans ce contexte est principalement celle-ci : produire pour faire des bénéfices. Aujourd’hui, la production n’est pas basée sur les besoins et les désirs de la plupart des habitants de la planète. Elle repose sur une vision du bénéfice qui actuellement est liés à l’économie des combustibles fossiles (pétrole, gaz, …). Ainsi, le capitalisme a non seulement été incapable d’offrir une vie décente à une grande partie de la population mondiale, mais nous a également poussés de plus en plus rapidement dans une catastrophe globale.

La question à un million de dollars (ou à quelques d’années de vie supplémentaire sur la Terre pour les gens): quelle est la solution?

Il est assez difficile de comprendre les nombreuses propositions de solutions qui sont avancées. À notre avis, nous devrions nous concentrer sur les mesures qui mettent l’accent sur l’extension, et non sur la limitation, de nos libertés, sur celles qui affaiblissent les approches individualistes et favorisent l’utilisation collective des ressources. Faisons attention aux effets des solutions proposées sur les relations de pouvoir, qui ces solutions favorisent, qui vont-elles affecter le plus et si, accidentellement, elles ne servent tout simplement pas à sauver un système fondé sur l’inégalité.

Quant à nous, nous ne voulons pas participer à la promotion de mesures qui peuvent se retourner contre nous, les travailleurs. Les vraies solutions doivent émaner de la base, de communautés locales indépendantes (1) de l’influence des entreprises et des politiciens.

La grève pour le climat de septembre peut être un réel pas en avant auquel adhèrent des gens du monde entier en tant que travailleurs. Cela nous rappelle que paralyser l’économie peut être un outil pour réaliser des changements liés non seulement aux exigences économiques, mais également aux exigences politiques, sociales et environnementales. En ce qui concerne la grève pour le climat, certains aspects pourraient être critiqués, mais nous le voyons comme un test pouvant ouvrir un débat. Ceci n’est que le début.

Syndicat des travailleurs solidaires ”Priama Akcia”,
Section slovaque de l’Association internationale des travailleurs

(1) NdT : sur la base d’ assemblées populaires autonomes par exemple …

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