mercredi 23 janvier 2002
01/02/2000 Rapport de dépistage GC/MS contenu de l’Erika : L’expertise GC/MS d’un échantillon du rejet pétrolier de l’Erika (prélevé le 4/1/2000 sur les côtes de l’ile de Groix) a été conduite à notre initiative, car il nous paraissait inadmissible que près de 4 semaines se soient écoulées sans que les premières informations scientifiques commencent à apparaitre aux yeux du public, en particulier quant au caractère cancérigène et toxique éventuel de ces rejets. (…)
Toxicité potentielle des rejets de l’Erika : le rejet analysé est, comme il fallait s’y attendre, un mélange complexe de composés organiques, dans lesquels sont présents, entre autres :
nombre de substances cancérigènes par contact cutané (HAP, hydrocarbures aromatiques polycycliques) à une teneur globale comprise entre 450 et 600 ppm (parties par million, hors masse d’eau de l’émulsion), soit 0,045 à 0,060% ;
du naphthalène, toxique par inhalation et ingestion, à une teneur comprise entre 60 et 90 ppm ;
du benzène, cancérigène avéré, à l’état de traces mesurables.
En admettant que 15000 tonnes du chargement de l’Erika ont été rejetées à ce jour au rivage, 7 à 9 tonnes de produits cancérigènes ont été déversés sur le littoral atlantique français. (…)
Non content de bénéficier d’une main-d’oeuvre quasi gratuite, le pollueur TotalFina conserve toujours le silence le plus « total » sur la toxicité inhérente aux fractions pétrolières lourdes qu’il consent cependant à voir ramasser à bon compte. (…)
Selon la réglementation en vigueur en Europe, tout mélange chimique contenant une proportion supérieure ou égale à 0,1% de composant cancérigène ne doit être manipulé que par du personnel convenablement entrainé, en conformité avec des spécifications détaillées. Il est parfaitement inacceptable que le pollueur puisse ainsi se décharger sur des volontaires (bénévoles pour la plupart, sans formation préalable convenable ni équipement de protection adéquat) de la tâche de décontamination qui lui incombe pourtant clairement. (…)
Composition chimique du rejet de l’Erika : la composition détaillée du rejet provenant de l’épave de l’Erika a été étudiée, pour être comparée à celle d’un fuel lourd N°2 véritable (cargaison officielle de l’Erika, selon les déclarations de TotalFina). (…) Nos résultats démontrent que le rejet analysé présente une composition très différente de celle du fuel N°2 véritable (provenance TotalFina raffinerie de Provence). Le rejet Erika est en fait le résidu d’une opération de raffinage plus poussé conduite sur un fuel N°2, [ce qui] explique la disparition des dernières fractions valorisables, présentes dans le fuel N°2 véritable et quasiment absentes du rejet d’Erika (voir tableau et graphiques sur le site http://www.labo-analytika.com). En d’autres termes, si la composition du rejet analysé est effectivement représentative de la cargaison embarquée, l’Erika transportait des déchets industriels spéciaux (DIS) et non un carburant de basse qualité. (…)
Ce que nous avons découvert de la composition et de la nature du rejet Erika démontre que TotalFina est parvenu, à trois reprises déjà (le cargo Erika avait déjà effectué trois rotations), à déjouer la surveillance des inspecteurs des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) lors d’exportations illégales intracommunautaires de déchets ultimes du raffinage pétrolier, au mépris du « principe de proximité » (règlement communautaire qui veut que « les Etats assurent au mieux l’élimination des déchets produits, sur leur propre territoire »).
Des résultats d’analyse peu divulgués.
Les résultats des analyses étaient suffisamment troublants pour que le laboratoire Analytika tente d’alerter les journalistes et l’opinion publique. Une équipe de France 2 a visité le laboratoire le 25 janvier 2000 et les premiers résultats lui ont été présentés. Il parait que le document enregistré a été diffusé le 11 février, mais on n’en entend toujours pas parler dans les journaux radio ou tété… Quant aux analyses effectuées par les organismes officiels (IFREMER, IFP et LPTC), et sur lesquelles les politiques se sont basés, il faut savoir qu’elles ont porté sur des échantillons fournis par TotalFina et présentés par eux comme représentatifs de la cargaison de l’Erika. Aucun de ces laboratoires n’a présenté de résultats portant sur l’analyse des rejets côtiers eux-mêmes !…
Le stockage des déchets, source de pollution Enfin, les conditions déplorables et la durée exagérée du stockage temporaire des rejets en attente d’évacuation sont telles que la contamination directe des sols, puis des cours d’eau voisins et enfin des eaux souterraines est assurée.