Au-delà des passe-montagnes du Sud-Est mexicain

Sylvie Deneuve, Marc Geoffroy et Charles Reeve, Au-delà des passe-montagnes du Sud-Est mexicain, 1996

Ce texte a été édité en brochure par Ab irato en juin 1996, dans la Collection Brève/météorite, reédité et diffusé par la CNT-AIT et d’autres, et reédité par Quatre récemment, a qui nous empruntons cette présentation que nous partageons :

Cette révolte est la révolte de tous les exclus, des prolétaires sans terre et sans travail, des laissés-pour-compte, des paysans pauvres et des sous-­prolétaires urbains coincés sur place, entre la forêt, les montagnes et l’océan. […] S’obstiner à présenter la révolte comme un mouvement spécifiquement indien revient à ne pas se donner les moyens de la comprendre.

« Qu’ils s’engagent dans des actions autonomes et indépendantes et l’écart s’approfondira entre leurs propres intérêts et les intérêts nationalistes de ces partis et organisations. Ce jour-là, on verra les vieux caciques et les nouveaux chefs en passe-montagne rapprocher leurs chaises de la table des négociations, pressés de rejeter les exigences “irréalistes” des jeunes sous-prolétaires révoltés. En faisant “preuve de responsabilité”, les nouveaux chefs sans visage montreront alors leur vrai visage. Comme le faisait remarquer un révolutionnaire à l’époque de Zapata :
“Le culte de la personnalité ne peut faire des adeptes que parmi les ignorants ou les chasseurs de positions et de rentes.” »


Ce texte a été écrit en 1996, à la suite du soulèvement mené au Chiapas (Mexique) par l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) en 1994, et en réaction au grand mouvement de solidarité que cette insurrection a engendré. C’est un texte critique, un peu daté par rapport à la situation du Mexique aujourd’hui, mais qui pose des questions cruciales pour quiconque est intéressé par l’émancipation des prolétaires, et convaincu qu’elle ne se fera que par eux-mêmes. Pour comprendre une révolte dans ses implications matérielles, ici dans un pays où se jouent de nouveaux rapports capital/ travail, et au-delà des chants lyriques de ses faux représentants.


La présence d’une armée à la tête d’un mouvement de révolte, le rapport à l’indigénisme et à la libération nationale, la mythification des communautés et de leurs traditions démocratiques, le patriotisme, la construction du zapatisme, les porte-parole et la figure du sous-commandant Marcos, les discours politiciens des organisations « solidaires », l’histoire et le récit national… Est-ce que le mouvement de l’EZLN, ou « le Chiapas », comme de nombreux autres qui lui ressemblent ou s’en réclament, est si révolutionnaire que l’on veut nous le faire croire ?

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